Syndrome de Diogène : ce trouble encore incompris
Bien que depuis quelques années de nombreux acteurs du secteur médico-social ce sont penchés sur le sujet et ont tenté de comprendre le syndrome de Diogène, il reste néanmoins un trouble du comportement méconnu du grand public mais également des professionnels de santé.
Qu’est-ce que le syndrome de Diogène ?
Le syndrome de Diogène est une forme de trouble du comportement qui se traduit souvent par une incurie (négligence de l’hygiène corporelle et/ou domestique), une tendance à l’accumulation d’objets (aussi appelé syllogomanie) et un isolement social prononcé.
Tous ces symptômes ou facteurs pathogéniques sont à prendre avec beaucoup de précautions car les cas de Diogène sont tous uniques. Bien que certains critères soient plus fréquents que d’autres, ce syndrome peut toucher des personnes dans des situations totalement différentes. Pour autant d’après le docteur Jean-Claude Monfort, un des spécialistes français du sujet (cf. son enquête de 2005 sur le syndrome de diogène : http://www.jle.com/fr/revues/pnv/e-docs/le_syndrome_de_diogene_et_les_situations_apparentees_d_auto_exclusion_sociale._enquete_descriptive_284815/article.phtml?tab=texte), le signe le plus évident est que « ces personnes ne demandent jamais rien alors qu’elles auraient besoin de tout ».
En résumé, il est quand même possible de mettre en avant trois critères fondamentaux qui permettent d’évaluer la situation et le cas échéant d’identifier une personne atteinte du syndrome de Diogène :
- le rapport au corps : très propre ou très sale
- le rapport au lieu de vie et à l’environnement : vide ou entassé
- le rapport aux autres : relationnel très développé ou isolement et exclusion totale
Comment agir face à ce syndrome ?
A chaque fois il s’agit de situations excessives, ce qui rend l’identification de ces personnes parfois très difficiles. La prise en charge de ces cas elle peut aussi s’avérer très compliquée suivant le bilan médico-social.
En effet, si certains cas mettent en évidence l’existence d’une maladie comme une démence de type Alzheimer ou une schizophrénie, une paranoïa délirante ou tout autre trouble psychiatrique, d’autres ne montrent aucun signe de maladie.
Dans le premier cas la prise de décision pour une prise en charge est simplifiée car il s’agit obligatoirement d’une hospitalisation, soit en milieu gériatrique soit en milieu psychiatrique mais dans le deuxième cas il est beaucoup plus difficile d’agir car la loi française n’impose à aucun médecin d’intervenir lorsqu’une personne jouit de sa pleine capacité. Il est alors question de la limite du respect de la liberté d’autrui.
Des cas de Diogène de plus en plus mis en lumière
Même si ce phénomène n’a pas encore sa place dans les médias, les autorités sanitaires se préoccupent de plus en plus de ces personnes et des risques encourus à vivre dans de telles conditions. À Paris par exemple la ville, par l’intermédiaire du service technique de l’habitat (STH)intervient depuis 10 ans sur ces cas d’insalubrité.
En s’y intéressant de plus près, de plus en plus de cas sont recensés. Le nombre des arrêtés préfectoraux pour mettre fin à des situations d’incurie est passé d’une vingtaine il y a 10 ans à 148 en 2015. On estime aujourd’hui qu’il existe plus de 2000 personnes atteintes du syndrome de Diogène vivant à Paris.